Anonyme [1652], LES VERITABLES MAXIMES DV GOVVERNEMENT DE LA FRANCE, IVSTIFIÉES PAR L’ORDRE des temps, depuis l’establissement de la Monarchie iusques à present : Seruant de Response au pretendu Arrest de cassation du Conseil du 18. Ianvier 1652. DEDIÉ A SON ALTESSE ROYALE , français, latinRéférence RIM : M0_3969. Cote locale : E_1_86.
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tout. Il n’y a qu’vn sceau, qu’vn caractere public, qu’vne authorité,
qu’vne Puissance legitime, mais cette puissance se forme de l’vnion des
subjets auec le Souuerain, & du Souuerain auec les subjets.

 

Enfin pour finir par où i’ay commencé, il est certain que les François
ont choisi le gouuernement Monarchique, non pas pour perdre leur
liberté, mais au contraire pour la maintenir & pour la deffendre. I’ay
monstré qu’ils s’assembloient tous les ans, in campo Martio, & depuis in
campo majo, pour voir si cette liberté dont ils estoient si jaloux n’auoit
point esté entamée. Qu’on deliberoit dans toutes ces assemblées & auec
liberté de suffrages de tout ce qui regardoit le gouuernement & le
droict public. Mox, dit Tacite, parlant des Assemblées des Germains
dont nous sommes descendus, & qui passant dans les Gaules apporterent
auec eux leur police : Mox Rex vel Princeps prout ætas cuique,
provt nobilitas, provt decus bellorum, provt facundia est, audiuntur, autoritate
suadendi, magis quam iubendi potestate. Si displicuit sententia, fremitu
aspernantur : sin placuit, frameas concutiunt, honoratissimum assensus
genus est armis laudare.

Tacétus de moribus
Germanom num. 4.

Et dans le mesme lieu voicy comme Tacite parle encore des mœurs
de nos Peres : Reges ex nobilitate, Duces ex virtute sumunt. Nec Regibus
infinita aut libera potestas. L’idée de ce Gouuernement a passé iusques
à nous. Ie l’ay fait voir de siecle en siecle, & dans le Parlement
mesme sedentaire, où tout se doit decider auec connoissance de cause.
Le Roy souffre encor tousiours qu’on y plaide contre luy, son Procureur
general ou ses Aduocats passent le Bareau comme parties. Personne
n’a trouué estrange que depuis quelques années vn grand Personnage
parlant de la mauuaise administration de l’Estat ait escrit,


Ie hay ces mots de puissance absoluë,
De plein pouuoir, de propre mouuement
Aux saincts Decrets ils ont premierement
Puis à nos Loix la puissance toluë. Cependant ce langage est vn blaspheme auiourd’huy. On traitte vn
homme de seditieux & de mauuais François, dés qu’il parle de la Iustice
qu’on doit au Peuple, & des Loix fondamentales de l’Estat, sur
lesquelles les Rois font serment quand ils sont sacrez.

 

Tacitus de Moribus
German. num. 7.

Pybrac 83.

Mais i’ayme encore mieux souffrir ce reproche, que d’estre esclaue
d’vne domination estrangere, d’vn condamné, d’vn proscrit. Tirera
vanité qui voudra de ses chaisnes, & d’vne honteuse seruitude. Pour
moy ie veux seulement obeyr au Roy & aux Loix de mon pays, qui
sont deux puissances inseparables.

FIN.



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