Anonyme [1652], LES SENTIMENS D’VN FIDELLE SVIET DV ROY, Contre l’Arrest du Parlement du vingt-neufiesme Decembre 1651. , français, latinRéférence RIM : M0_3648. Cote locale : B_11_22.
page précédent(e)

page suivant(e)

-- 25 --

fauoriser manifestement vn Prince qui entretient vne liaison
ouuerte auec l’ennemy, peu de temps apres qu’on faisoit vn crime
irremissible à Monsieur le Cardinal d’auoir commerce & intelligence
auec le Roy.

 

On alleguera peut-estre que Monsieur le Cardinal est conuaincu
d’auoir desobey à la Declaration du Roy verifiée en
Parlement aux derniers iours de la Minorité, par où le Roy defend
à ce Prelat de rentrer en France, & à tous Gouuerneurs
de Prouinces & de Places de l’y retirer. Mais si on agit en cette
occasion par vn pur esprit de maintenir la force & l’authorité
des Declarations du Roy ; d’où peut venir qu’on a tant de zele
pour l’execution des vnes, & tant d’in difference pour celle des
autres ? y a-t’il des Loix qui defendent au Cardinal de retourner
en France, & n’y en a-t’il point qui defendent aux Princes d’y
receuoir les ennemis, leurs flotes, leurs armées, & de leur en
liurer les villes & les ports ? Et pourquoy donc s’empresse-t’on
auec tant de violence, pour venger l’infraction des vnes, &
laisse-t’on en mesme temps impuny le violement des autres ?

Le Cardinal
n’a point
violé la Declaration de
sa Majesté
donnée contre
luy sur la
fin de la Minorité.

Mais pour ce qui regarde la Declaration du Roy, touchant
l’esloignement de Monseigneur le Cardinal, en quel temps, en
quel estat sa Maiesté l’a-t’il publiée ? Alors le Roy estoit-il Roy ?
estoit-il Maistre de son Royaume, auant que de l’estre de ses
volontez ? & auoit-il atteint cette plenitude d’âge, qui l’esleue
au dessus de luy-mesme & le rend iuge de toutes les actions
precedentes de sa vie, pour les approuuer ou les condamner selon
qu’il luy plaist ? D’ailleurs aussi dans ces placars insolens &
seditieux ne voyoit-on pas des desseins & des projets de nouueautez
étranges exposez en affiches par tous les coins des ruës
de Paris ? Ne parloit-on pas ouuertement de reculer la Majorité
du Roy, & de donner la Regence du Royaume à Monseigneur
le Duc d’Orleans, ou de luy continuer pour quelques années
la fonction de Lieutenant general de l’Estat ? & n’y auoit-il pas
lieu d’apprehender, que la temerité d’innouer & d’entreprendre,
qui va tousiours croissant dans les tumultes populaires, ne
se fist vn passage à de plus importans & plus iniustes changemens ?

Il est donc sans doute que le Roy, ou plustost la Reyne Regente,
pour ceder à la necessité du temps qui est bien souuent



page précédent(e)

page suivant(e)