Anonyme [1652], LES SENTIMENS D’VN FIDELLE SVIET DV ROY, Contre l’Arrest du Parlement du vingt-neufiesme Decembre 1651. , français, latinRéférence RIM : M0_3648. Cote locale : B_11_22.
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plus pressant, que pour la defense de son Prince, ait esté capable
d’elle-mesme, & par son propre mouuement d’vne resolution
de cette qualité.

 

Mais quant à ceux qui ont esté les principaux, & les veritables
instrumens de cette action toute extraordinaire, à quoy
pensoient-ils ? & de quel esprit, de quel genie auoient-ils l’ame
poussée & transportée ? Qu’a de commun la France auec
vn dessein, ie ne dis pas si pernicieux, mais si bas & si sanglant,
ou si contraire à l’humanité, & à la generosité Françoise ? pour
satisfaire la haine & la passion de peu d’auares, d’ambitieux &
de brouїllons, contre vn Ministre qui s’est opposé à leurs factions
& à leurs cabales. De tout ce qu’il y a de François, falloit-il
en faire des bourreaux par vn Arrest public & solemnel
de la premiere des Cours souueraines de l’Estat ; abandonner
à l’audace & à la rage du dernier des hommes, vne teste couronnée
de la pourpre Romaine ; la proposer pour rançon des
criminels qui l’auroient coupée ; promettre ou vendre aux voleurs
& aux meurtriers l’impunité de leurs excés, pour vn assassinat
& pour vn parricide, & signaler l’essay d’vne procedure
si peu Chrestienne, sur vne personne honorée de la plus eminente
des dignitez sacrées, apres celle du tres-saint & du tres-heureux
Pere de tous les fidelles.

Et en effet, representons-nous que quelque furieux, sous
couleur d’executer le jugemẽt d’vne Compagnie souueraine,
vint à plonger ses mains dans le sein, & dans le sang de ce Prelat
infortuné, qui ne fremiroit d’horreur à la nouuelle d’vne
violence si tragique ? Qui de tous ceux qui ont souhaite, &
conjuré le plus ardemment sa perte, ne changeroit sa haine &
sa vengeance, en effroy & en pitié ? Et qui ne seroit saisi de douleur,
voyant ou le nom François mal-heureusement flestry par
l’infamie, & par l’atrocité d’vn attẽtat qui paroistroit d’autant
plus iniuste, qu’on auroit voulu l’appuyer de l’authorité des
Loix, & de la Iustice, ou le plus venerable de tous les Ordres
du Royaume outragé, & rendu méprisable par vne blesseure,
& par vne infraction si insupportable de ses immunitez & de
ses priuileges, que les Souuerains mesmes qui ont eu quelque
teinture de la pieté Chrestienne ont tousiours reuerez ; ou enfin
la majesté du Siege Apostolique violée presque au premier



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