Anonyme [1652], LES SENTIMENS D’VN FIDELLE SVIET DV ROY, Contre l’Arrest du Parlement du vingt-neufiesme Decembre 1651. , français, latinRéférence RIM : M0_3648. Cote locale : B_11_22.
page précédent(e)

page suivant(e)

-- 42 --

& si peruerses ? Nous sommes donc affligez pour vous, comme
pour des membres du corps de Iesus-Christ, & nous disons auec le
Prophete ; L’excez de la douleur me deschire les entrailles, & tous les
sentimens de mon ame sont troublez & confondus ; & nous nous
écrions encore, comme fait ailleurs le mesme Prophete ; Qui changera
ma teste & mes yeux en vne fontaine inespuisable de larmes, afin que
ie pleure les maux de ce peuple iour & nuit ? Et c’est pourquoy nous
vous aduertissons, nous vous exhortons, & pour le bien du salut de
vostre ame, nous vous conseillons de tous nostre pouuoir, de ne differer
pas à vous reconnoistre, d’abandonner au plustost celuy qui vous a fait
commettre vne si grande iniquité, & de rentrer pour iamais de tout
vostre cœur, & par vne affection veritablement fidelle dans l’obeissance,
que vous deuez à l’Empereur Auguste, bien-aymé de Dieu,
vostre souuerain Seigneur. Puis que c’estoit à vous de prescher la paix
aux domestiques & aux estrangers selon ces paroles diuines : Monte
au sommet d’vne haute montagne, ne cesse de crier, & qu’on entende
retentir, comme vne trompette le son de ta voix. C’estoit à vous d’annoncer
au peuple ses pechez & ses débauches, de peur que Dieu ne vous
demandast compte de son sang, & non pas les imiter, & vous y laisser
aller vous mesmes, comme i’ay dés-ja dit. Et c’est pour cela que vous
estes deuenus soüillez & corrompus, selon cét oracle du Prophete :
Mal-heur à moy, parce que ie me suis teu, & ie demeure au milieu
d’vn peuple, qui a les levres polluës & empoisonnées : & ainsi vous
vous estes rendus d’autant plus dignes de reproche & de blasme, que
vous auez de part à leurs offenses, & à leurs œuures steriles & mal-heureuses :
toutesfois puisque nous sçauons tres-certainement, que les
entrailles de la bonté de Dieu nous sont tousiours ouuertes, reuenez, &
n’entretenez plus de commerce à l’aduenir auec les infidelles, ne vous
rendez plus imitateurs de ceux qui violent les traittez de la saincte
paix, qui déchirent l’vnité, & qui ont l’audace de semer l’yuroye
dans le champ du Seigneur, pour leur propre confusion. Reuenez, embrassez
des conseils, & recherchez des dons plus salutaires, & ne vous
laissez plus surprendre aux artifices & aux embusches de l’ancien ennemy
des hommes ; mais comme doiuent faire des Ministres de Dieu,
qui font profession de luy obeїr, essayez desormais de demeurer vnis
& soumis en toutes choses à vostre Empereur nostre tres-cher fils. Car
autrement, si vous estiez si temeraires, que de suiure plus long-temps


page précédent(e)

page suivant(e)