Anonyme [1652], LES RIS ET LES PLEVRS DE LA FRANCE SVR LA CONDVITE DE LA REYNE, Et du Conseil d’Estat. Découurants l’Origine de nos miseres & des Calamitez publiques. , françaisRéférence RIM : M0_3551. Cote locale : B_6_18.
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Ainsi desirer des François de l’ordre ou de la
fermeté, c’est exiger d’eux des marques d’vn don
qu’ils n’ont pas reçeu du Ciel. Ils reüssiront bien
dans vn Bal, dans vn Course de Bague, ou dans vn
Duel, ils passeront les plus polis en proprieté ? Ils
diront mille galanteries & mille bons mots en cõpagnie,
& se feront par tout remarquer par les qualitez
qu’on desire dans les personnes plus ciuilisées,
mais de reüssir dans vn Conseil d’Estat, mais de
former conjointement vne belle resolution pour
le salut de la Patrie, & de preferer la gloire & l’honneur
qu’on doit attendre de l’execution d’vne belle
entreprise au profit & à l’interest ? Qu’on aille chercher
ailleurs qui practiquera cette Philosophie,
puisque Seruient ny Molé, ny celuy qui nous a fait
tant de biens par le passé, Ie veux dire le grand
Seguier, ne sont point assez abstraits & détachez
de la matiere, pour en vser de cette sorte. Mais ie
vois qu’Heraclite brusle d’enuie de dire son opinion
sur les sujets differents que j’ay touchés à la
fin de mon discours, & ie veux bien luy en donner
le loisir, parce que les folies des François que
j’ay tousiours deuant les yeux & dans l’esprit me
prouoquent si fort à rire, que ie mourrois sur la
place, si ie ne me donnois ce contentement.

HERACLITE.

Helas, il est vray, le monde n’a tousiours esté



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