Anonyme [1652], LES RIS ET LES PLEVRS DE LA FRANCE SVR LA CONDVITE DE LA REYNE, Et du Conseil d’Estat. Découurants l’Origine de nos miseres & des Calamitez publiques. , françaisRéférence RIM : M0_3551. Cote locale : B_6_18.
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Tourment d’esprit ; folie, ou bonheur imparfait.
Les pecheurs endurcis se corrigent à peine.
Et rien n’est si trompeur qu’vne prudence humaine.

 

C’est ce qu’autrefois ie m’amusay à rimer, examinãt
les mêmes sujets dont ie traite à present. Mais c’est
folie d’en douter, & plus grande folie d’en pleurer,
puisque tout passe legerement dans le monde & se
couure l’vn l’autre, comme vne vague qui s’écoule
en descendant enseuelit celle qui est à demy foulée,
& fait bien-tost place à d’autres qui s’éleuent &
se confondent de la mesme sorte. Tels sont nos
debats, telles sont nos Guerres, & telle fin auront
les contentions de Messieurs les Princes & de la
Cour : le Mazarin s’en ira, le Coadjuteur prendra
sa place, & se formant d’autres idées nous fera voir
de nouuelles broüilleries qui plairont d’autant plus
aux François qu’ils aiment sur tout les choses
nouuelles. Ondedey ne sera plus dans le Conseil,
quelqu’autre peut-estre aussi meschant marchera
sur les traces de cét Estranger, & me fournira de
nouueaux sujets de risée. Enfin il nous faut souuenir
que nous sommes sur les bords de Seine ou
la constance est ignorée, & que si la folie exerce sa
Iurisdiction par tout ailleurs au iugement de Cesar
& de beucoup d’autres : Elle est icy, Maistresse absoluë,
& donne des Loix à tout le monde, sur tout aux
personnes qualifiées, laissant à la sottise & bas estage à
la reünir.



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