Anonyme [1652], LES RIS ET LES PLEVRS DE LA FRANCE SVR LA CONDVITE DE LA REYNE, Et du Conseil d’Estat. Découurants l’Origine de nos miseres & des Calamitez publiques. , françaisRéférence RIM : M0_3551. Cote locale : B_6_18.
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& tant de repugnance & de contradiction en vn
mesme Corps ? la Renommée rougit encore pour
luy du succés de leur premiere entre prise, & j’aurois
honte de m’en souuenir icy, si ce n’estoit pour
en galantiser & pour en rire.

 

Mais cependant ce sujet, tout ridicule qu’il est,
ne doit auoir rien de nouueau pour mon esprit
qui m’oblige d’en former des sujets de risée. Ce
n’est pas d’aujourd’huy qu’on a veu des folies &
des sottises parmy les hommes. Ce monde en est
le Theatre, & tous les hommes en sont les Acteurs :
Il n’y a point de Cour ny de Siecle qui ne nous
en ait fourny des exemples, ny d’homme pour
sage qu’il soit, qui n’en ait produit quelque acte,
ou rendu quelque témoignage. Ce sont vne Reyne
& vn Roy, ausquels tous les hommes doiuent tribut
aussi bien qu’à la mort ; il le leur payent en
gros où en détail en leur jeunesse, ou en leur vieillesse :
Mais n’est-ce pas aussi folie d’en douter,
puisque Salomon le plus sage de tous les hommes,
& qui fut le plus grand fol à la fois l’a dedit luy-mesme
en son Ecclesiaste. Escoutez comme il en
parle, Vidi vniuersa quæ fiunt sub sole & ecce vniuersa
vanitas.

 


I’ay parcouru, dit-il, le Ciel, la Terre & l’Onde,
I’ay veu ce qu’on faisoit en tous les lieux du monde.
Où ie n’ay rien trouué qui ne fut en effet,

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