Anonyme [1652], LES RIS ET LES PLEVRS DE LA FRANCE SVR LA CONDVITE DE LA REYNE, Et du Conseil d’Estat. Découurants l’Origine de nos miseres & des Calamitez publiques. , françaisRéférence RIM : M0_3551. Cote locale : B_6_18.
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doute ce qu’elle attend, & ce à quoy elle obligera
les Parisiens à la fin. Voila ce que ie puis dire
de la Cour en general.

 

Au reste ie n’oserois, tout Democrite que ie suis,
passer iusqu’au sujet de leurs Majestez pour en
dire ce qu’il m’en semble. Mais enfin n’est-ce pas
vn plaisant spectacle de voir vn Roy declaré Majeur
dépendre encore en enfant des volontez de
sa Maman, qui ne se possede pas elle-mesme ? Et
s’affliger pour le refus de quelque galanterie, luy
qui ne s’afflige pas pour les ruines & la desolation
de son Estat ? de le voir qui passe le temps auidement
au jeu des Quilles, ou à la chasse des bestes
fauues dans les forests, cependant que d’autres
dans ses Villes se logent à la chasse Royale, ou ils
s’exercent en effet, & s’effacent d’abattre des Testes
au lieu de Quilles ? de voir vne Reyne reputée
autrefois si vertueuse démentir cette bonne
opinion qu’on eut d’elle, lascher la bride à ses
passions, donner carriere à son esprit, se mocquer
de tous les bruits, & se conduire contre la fortune
auec vne opiniastreté merueilleuse, aymant mieux
tout perdre que de ne pas donner à son Mazarin
toutes les satisfactions qu’il peut attendre de sa resignation
& de son engagement. Qui ne prendroit
plaisir à voir ce Conseil cõposé de cire molle,
malheureux, impatient du butin & de la proye



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