Anonyme [1652], LES RIS ET LES PLEVRS DE LA FRANCE SVR LA CONDVITE DE LA REYNE, Et du Conseil d’Estat. Découurants l’Origine de nos miseres & des Calamitez publiques. , françaisRéférence RIM : M0_3551. Cote locale : B_6_18.
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c’est vn faire le faut, & que Henry le Grand resolut
bien d’en passer par là, luy qui estoit aussi
faux garçon, & d’aussi bonne maison que les autres.
Que n’enuoye t’elle Mazarin à tous les mille,
puis qu’il fait tant crier de monde contre sa maudite
engeance, & qu’il fait commettre tant de
pechez mortels à vne infinité de personnes qui ne
peuuent s’empescher de luy vouloir du mal, parce
qu’il ne peut s’abstenir de leur en faire ? Que ne se
deffait-t’elle de ses Princes Thomas, Milords Germains,
& de ses maudits Ondedeïs, puis qu’ils ne
valent pas mieux que leur chef, & qu’à vray dire
toute la tonne sent le haranc. Que veut-t’elle ?
Que pretend-t’elle ? Que demande-t’elle ? Puis
qu’on luy veut rendre tout honneur, toute obeïssance,
& tout respect, en cas qu’elle se mette à la
raison ? Nous esgorger. Il n’est pas juste ? Nous fouler
aux pieds ? il n’est pas raisonnable ? auoir tous
nos biens ? il n’est pas expedient qu’elle songe que
si depuis quelque mois en çà elle s’est trouuée vn
peu à l’étroit, c’est qu’elle n’est pas tousiours allée le
grand chemin, & qu’elle s’en est trop fait accroire
sans escouter la Maxime qui dit, mets raison en
toy ou elle s’y mettra. Quelle pense aussi que les
plus courtés folies sont les meilleures, & qu’elle
renonce à ce vain orgueil qui la seduit, & qui ne
luy sert de rien que d’vn fascheux diuertissement.


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