Anonyme [1651], LES QVARANTE-CINQ FAICTS CRIMINELS DV C. MAZARIN, QVE LES PEVPLES instruits addressent à ceux qui ne le sont point. , françaisRéférence RIM : M0_2931. Cote locale : C_11_17.
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rien toucher, & de plus, par cette belle œconomie le Mazarin
reduit le Roy à despenser desia son reuenu de l’an 1653. Aussi on
s’apperçoit bien que l’or qui a esté espãdu par le traffic des Marchands,
& qui auoit esté accumulé en France de longue main
n’y est plus, & qu’il en est bien loin sous le nom de Mazarin, de
son pere & de ses confidans. Si bien que les Commis de l’Espargne,
des autres Receptes à Paris, Receueurs particuliers &
generaux, les Marchands, les Banquiers, comme ceux qui ont
encores quelques bourses se demandent les vns aux autres par
tout la France, que sont deuenus deux cens soixante millions qui
ont esté conuertis en la fabrique des Louys d’or, desquels il n’en
paroist presque point.

 

2. Qu’il diuertit & enleue hors le Royaume les Finances &
les richesses de l’Estat, les comptans des sommes immenses iusqu’au
nombre de cinquante millions, ainsi que la Chambre des
Comptes en a esclaircy le Parlement de Paris ; la belle œconomie
de Mazarin les a fait monter à cela en vne seule année, au
lieu qu’en la plus haute despense du feu Roy on ne les a veus
que de cinq millions. Cantariny & autres Banquiers ses confidens,
sçauent bien que la quantité de remises qu’ils ont faites par
change, le nombre de Bordereaux des Louys d’or qu’ils ont enuoyé
par les Voituriers vers l’Italie, sous pretexte que c’estoit
pour y payer les Armees, y entretenant la guerre à dessein de fauoriser
son enleuement, & dans la rareté des Louys d’or en Frãce,
on void bien qu’ils sont tres-communs par toute l’Italie, soit
soit par les paragantes qu’il a donnez pour porter son frere au
Cardinalat, soit pour les despenses des somptueux bastimens,
soit pour y faire vne reserue de deniers, soit par le coust des dignitez
de Noble Venitien pour son pere & pour luy, ce qui l’a obligé
de quitter vne partie de douze millions qu’il auoit és
mains de quelques particuliers, lesquels menaçoient de descouurir
que c’estoit argent volé à la France, & afin que cela ne fit
pas bruit, il s’est accommodé de ses dignitez que ces particuliers
luy ont donné en payement, & cette negociation a este ainsi
mesnagee par Antonio Folgy, confidant de son pere, qui a par
toutes ses lettres fort soigneusement recommandé à son fils Mazarin,
& nommément par celles du 15. Auril 1644. ou il luy



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