Anonyme [1651], LE VOEV DES BONS BOVRDELOIS FAIT A MONSEIGNEVR LE PRINCE DE CONDÉ GOVVERNEVR DE GVYENNE. , françaisRéférence RIM : M0_4045. Cote locale : B_7_38.
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m’asseure que s’il y a rien qui puisse plaire à vos yeux, ce sera sa
vertu & son innocence, puisque vous tenez en main tous les cœurs
des Roys & des Princes, & portez penduës à la ceinture les clefs de
leurs Royaumes & de leurs Gouuernemens : Cor Coudæi sit in manibus
Dei : soyez l’ame de ses affections, l’entelechie de ses mouuemens,
& la seule butte de ses soûhaits, soyez le flambeau de son entendement,
le concierge des Thresors de sa memoire, & le brasier enflammé
de sa volonté ; soyez la prunelle de ses yeux, la langue de sa bouche,
l’Oracle de sa voix, le guide de sa main, & l’aisle de ses pieds,
l’aisle de la victoire : comblez-le de vos graces en remplissant son entendement
de la clarté de sapience, bonté de conseil, haine d’erreur,
& sa volonté de pieté, & d’vne sainte crainte, il ne regne que pour
vous & par vous : Tenez d’vne main, & luy de l’autre, les resnes de
cette Prouince, soyez auec luy assis au timon & gouuernail de cette
Nauire de Guyenne, laquelle affermie de l’ancre dorée de vos faueurs
brauera les orages, défiera les tempestes, méprisera les vents,
verra gronder les flots sans iamais s’estonner, & la rage des ondes ne
fera autre effort que briser son effort & écumer sa baue : Loüis de
Bourbon vous consacre toute sa Prouince, vous offre les fruits &
tous les honneurs de son gouuernement, & dit hautement Dieu soit
mon Roy & celuy de ma Prouince : Il nous a desia appendu les plus
verdoyants lauriers de ses trophées ; il n’a iamais oüy retentir parmy
ses conquestes le Pæan de victoire, Viue Condé, que son cœur,
écho de vos loüanges, n’aye respondu Viue Dieu. Son espée n’a iamais
tranché que pour vous, son bras guerrier n’a esté estendu qu’à l’amplification
de vostre nom, & sa main de Iustice ne s’est portée qu’a
conseruer vos droits ; ses conquestes ont esté des conquestes de l’Eglise,
& ses dépoüilles ont esté les dépoüilles de l’erreur ; C’est pour
vous qu’il a laissé si souuent la Ville Royalle de paris ; C’est pour vous
qu’il a entrepris de si fascheux voyages ; c’est pour vous que non comme
Prince, mais comme simple soldat, il a enduré les rigueurs de
l’hyuer, les ardeurs de l’esté, & toutes autres iniures du temps : c’est
pour vous qu’il a porté si souuent sa Teste à la teste de son armée : Teste
Royale ! qui a tellement estonné le peril & la mort, qu’elle a rendu
les armes à ses pieds : Face majestueuse qui en ses meslées a tellement
estonné l’élement desloyal & perfide de la mer, qu’elle luy a fait retarder,
si semble, son cours, luy a fait laisser sur la gréve ses vaisseaux
ennemis, luy a fait abandonner en proye ses rebelles, comme des


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