Anonyme [1649], LE TOMBEAV DES MONOPOLEVRS, auec leur Epitaphe. , françaisRéférence RIM : M0_3783. Cote locale : C_10_34.
page précédent(e)

page suivant(e)

-- 6 --

Ces vilains insectes, ces monstres abominables
qu’on appelle Monopoleurs en ont fait de mesme, ils
portoient en eux les principes de leur destruction. Enfin
ils sont morts, mais on est biẽ empesché de dire de
qu’elle maladie ; les vns disent qu’ils sont morts de
peur, les autres de rage & de desespoir que leurs fourberies
& leurs extorsiõs fussent découuertes à ce point
que la France s’est vigoureusemẽt resoluë de les exterminer.
On pourroit dire que la synderesse, cét inuisible
bourreau de la conscience les a deffaits, & que
nonobstant l’esperance que la malice de Mazarini
leur fournissoit, ils n’ont pû euiter la condamnation
d’vn iuge qui ne pardonne iamais aux coupables,
encore qu’ils soient absous par les autres. Mais
pour moy qui ay leu dans l’Histoire Sainte, & dans
la Profane, qu’ordinairement les persecuteurs des innocens
ont esté punis du supplice qu’ils leur auoient
preparé, ie croy qu’ils sont morts de faim, non pas à
la verité de celle dont ils nous vouloient faire mourir ;
mais d’vne autre bien plus estrange, que les Medecins
appellent faim canine, qui n’abandonne iamais
celuy qu’elle a saisi, & dont on ne se sçauroit
deffendre auec l’abondance des viures ; au contraire
elle est semblable à la soif des hydropiques, & à tous
ces maux qui s’irritent & se rengregent par les remedes ;
c’est la faim d’Erysicthon qui ne pardonna pas à
sa propre fille. Ces Malheureuses Harpyes auoient
encor depuis peu esté assez imprudentes pour proposer
de remettre les tailles en parti, & de continuer les



page précédent(e)

page suivant(e)