Anonyme [1649], LE TOMBEAV DE LA MEDISANCE. , françaisRéférence RIM : M0_3780. Cote locale : C_10_35.
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au blame de l’vn, & à la loüange de l’autre auec cette exception
qu’il est permis & honneste de loüer tous ceux qui le
meritent, mais qu’il est deffendu & honteux de blamer publiquement
ceux qui pourroient meriter en secret quelque
correction charitable & fraternelle. Que si vous me dites
que vous ne pouuez, ou n’ozez la leur faire en particulier,
taisez vous & laissez faire à Dieu qui les punira ou
les amendera.

 

Mais l’impudence de certaines plumes en est bien venuë
plus auant, elles ne se sont pas contentées d’écrire contre
leurs egaux, elles s’en sont prises à leurs superieurs ; elles
ont dechiré ce qu’il y auoit de plus saint, & de plus sacré
dans la Monarchie, dans le ministere & dans la iustice.
Ces Ecriuains ne se sont pas souciez des regles de la Prose
ny de la Poësie, ils ont abuzé de l’vne & de l’autre dans des
libelles infames pour quelque vaine ambition, ou pour
quelque gain assez leger. Cpendant ils ne considerent pas
qu’outre la transgression formelle des commandemens de
Dieu qui nous recommande si fort l’amour du prochain, ils
pechent contre la loy naturelle de la societé ciuile, qu’ils
ne font qu’allumer ou entretenir le feu de la diuision, &
qu’au lieu de ietter de l’eau dessus ils y iettent de l’huy le &
du souffre.

C’est contre ces malins, ces critiques impitoyables, ces
censeurs outrageux que i’ay voulu faire ce petit discours,
pour les obliger à se taire s’ils en ont le pouuoir ; ou du
moins pour leur monstrer le tort qu’ils ont de s’acharner si
cruellement contre leur prochain, & si insolemment contre
leurs superieurs. S’ils remarquent quelque faute notable
dans le gouuernement & dans la iustice, s’ils sont plus
eclairez que ceux-là mesmes que Dieu a constituez pour regir
& pour conduire les autres, ils deuroient se seruir de
leurs auantages plus vtilement pour le public, & plus seurement
pour leur conscience. Ils n’auroient que dit en general
les fautes des particuliers s’ils se fussent seulement



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