Anonyme [1649], LE SOLDAT BOVRDELOIS OV LA MISERE DV PAIS DE GASCONGNE. Ensemble ce qui s’est passé en la Bataille. , françaisRéférence RIM : M0_3677. Cote locale : A_7_39.
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d’Espernon le deuoit par des raisons particulieres :
car quoy que la Guyenne aye esté gouuernée
par des Roys de Nauarre, des Princes du
Sang, ausquels ont succedé ces genereux Princes
de Lorraine, iamais le Parlement & les autres
Ordres de la ville de Bourdeaux & de toute
la Prouince n’ont tesmoigné plus de respect,
de zele & d’amour, qu’à Monsieur d’Espernon.
Tout à coup son cœur s’est changé, & il a voulu
fonder son authorité sur la crainte, la pouuant
establir sur l’amour : On n’esleue de Citadelles
que dans les Prouinces conquises, pour
retenir des Peuples rebelles : encore les plus sages
politiques les condamnent, & les François
qui ont l’amour de leur Prince naturellement
empreint dans leur cœur, ne les ont iamais regardées
qu’auec horreur, comme marques d’vn
cruel esclauage, & d’vne basse seruitude, qui ne
conuiennent ny à leur valeur, ny à leur fidelité.

 

Le feu Roy de tres-heureuse memoire les a
faites ruyner & abbattre. Fronsac estoit vn ourage
de Charlemagne, & il sembloit qu’on deuoit
vn respect particulier à ce Grand Prince,
& aux rides venerables de l’antiquité : La Prouince
a donné cinq cens mille liures, & payé sa
démolition par les ordres du feu Roy : Neantmoins



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