Anonyme [1649], LE SECRET DE LA PAIX. A LA REYNE. , français, latinRéférence RIM : M0_3626. Cote locale : A_7_31.
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fils. Viue Dieu, & viue vostre Ame, ie ne vous quitteray
point, mais vous viendrez en personne en ma maison. Ie n’ay
plus que faire de Conferences, ie ne m’arreste point aux Deputez
qui portent les marques de vostre authorité, i’en suis au
mourir, & il n’y a point d’esperance de vie pour moy, si vous
ne venez pour me la rendre ; Ie veux veoir mon Roy, mon
Dieu-donné, ie veux ouyr encore retentir dans l’enceinte de
mes murailles cét aymable nom d’Anne, qui doit faire mes
ioyes comme il a fait mes desplaisirs ; venez vous-mesme,
venez, & tout est fait.

 

1. Reg. li.
4. cap. 4.

La vraye Paix de Dieu consiste en l’vnion, & on ne s’imaginera
iamais qu’elle soit faite, tant que V. M. s’esloignera
du seiour de Paris qui est celuy de nos Roys, & se des vnira de
la presence de son Peuple par des fuittes estudiées, & des desseins
precipitez, qui sont insupportables a ceux qui ayment ;
nous soupçonnerons la Guerre iusques dans le Sacrement de
Paix, si vostre chere presence ne nous confirme les asseurances
de sa bonté. Nous croirons tousiours qu’en conscience
elle ne peut s’approcher de la face de Dieu, si elle nous bannit
de la sienne. Le bien, dit sainct Denys, ne vient point d’vne
demie cause : aussi ne doit-il pas estre faict a demy par vne
grande Reyne a qui il appartient d’imiter Dieu de qui les
œuures sont parfaictes. Vous auez osté les Regimens qui nous
causoient la faim, ostez-nous les obstacles qui nous causent
vostre absence.

Et pour dire vray, s’il vous plaist de considerer les raisons
humaines apres les diuines, vous ne pouuez nous priuer plus
long-temps de la presence du Roy, sans commettre quelque
sorte d’injustice, Excusez, MADAME, vne saincte ialousie
qui n’a point d’autre origine que l’amour qu’on vous porte
dans Paris. Nous ne pouuons nous persuader que vous soyez
seule la Mere de ce tres aymable Prince que nous vous demandons,
c’est le Fils de nos souhaits, c’est le Fils de nos prieres
& de nos larmes, c’est le Fils des conseils de vos bons Seruiteurs,
nous auons disputé plus de vingt-ans auec le Ciel
pour l’obtenir, nous l’auons forcé par nos deuotions continuelles
a vous le donner, & vous auriez le cœur de nous le



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