Anonyme [1652], DIALOGVE DV CAR. MAZARIN, ET DV MARQVIS DE LA VIEVVILLE, Sur-Intendant des Finances. , françaisRéférence RIM : M0_1087. Cote locale : B_12_50.
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mais ce rencontre me rompt mes mesures.

 

Le Marquis, Monseigneur, vostre Eminence prend
trop cette affaire à cœur, ie l’en trouue bien changée
& abbatue : Mais Monseigneur, le songe aux dépences
que vous m’avez proposé : Vostre Eminence ne
met rien pour tous les gages du Conseil, pensions &
montres d’armées : cela sera bien des mal contens.

Mazarin, Que m’importe, ie ne leur veus rien
donner, ils n’oseroient avoir grondé ; car ie les ferois
sortir de la Cour.

Le Marquis, Monseigneur, il y a des gens bien fascheux,
qui ne souffriront pas volontiers ce retranchement.

Mazarin, Ie ne m’en soucie pas, ie suis le maistre,
vous le voyez bien, mais trouuez de l’argent ; car il
en faut : Autrement ie seray contraint d’accepter quelques
offres qu’on me fait pour la Sur-Intendance, sans
la mettre en tiltre d’Office, on m’en a desia offert du
premier mot trois cens mil liures, & ie feray bien venir
iusques à six cens mil liures.

Le Marquis, Monseigneur, celuy qui vous offre
cette somme n’est pas plus homme de bien que moy.
Ie croy sçavoir quel il est : mais i’ay vn mot à dire à
V. E. si elle vouloit retourner en Sicile, où aller en
Hongrie, Nous aurions la Paix, & l’argent ne seroit
pas si difficile à recouvrer, ie vous envoyrois tous les
ans trois millions de liures en Louys d’or, à dix liures
piece, pourveu qu’il luy plust me faire conserver dans
la sur-intendance.



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