Anonyme [1649], LE ROY DES FRONDEVRS. ET COMME CETTE DIGNITE est la plus glorieuse de toutes les dignitez de la Terre. Contre le sentiment des esprits du Siecle. , françaisRéférence RIM : M0_3556. Cote locale : A_8_15.
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C’est ce qui luy fist renuitailler plusieurs fois Paris,
malgré la resistance des ennemis qui le tenoient inuesty.
Et ce ieune Mars, resolu de mourir ou de vaincre,
ayant sceu que l’armée occupoit tous les passages,
s’en va teste baissée droict où elle estoit, les perce, les
bat, & leur fait faire retraite. Ce fust là, aussi bien qu’il
auoit fait au siege d’Arras, où il fit des exploits ou
toute la nature humaine ne sçauroit attaindre. Mais
ce ne fut pas tout, les ennemis se r’allient, tentent encor
vn nouuel effort, & vn secours qui leur suruint,
l’obligea de faire encore vne seconde tentatiue. Neãtmoins
comme ils virent à la contenance des nostres,
qu’ils courroient encore vne seconde risque, ils s’aduiserent
de faire par la finesse, ce qu’ils n’auoient pû
tenter par la force ouuerte. Ces troupes firent semblant
de se separer, & nostre illustre Roy des Frondeurs
croyant n’auoir plus des ennemis à combattre,
fait continuer la marche auec le plus bel ordre du
monde. Enfin estant vn peu auance, on luy vint dire
que les ennemis s’estoient saisis du passage, & qu’ils
témoignoient à ce coup là se vouloir seruir de leur
auantage ; mais cet illustre Roy des Frõdeurs ne voulant
pas perir au port, ny faire naufrage à l’endroit
où il venoit d’ancrer toutes ses esperances, trauaille
d’abord aux moyens de se garantir de l’entreprise de
ses ennemis, & de rendre sa victoire aussi fameuse par
vn effect de sa prudence, que par vne action de courage.
Ainsi voyant que ses forces estoient trop petites,
au respect de celles de ses ennemis, & ne voulant rien
hazarder qu’il ne fust égal aux autres, pour les combattre,
il depesche vn Courrier à Paris, afin d’auoir du
secours de la Ville. A mesme instant tout le monde
sort, pour aller où leur deuoir & leur courage les obligeoit
à se rendre. Au nom de ce Prince chacun faisoit
gloire d’exposer sa vie pour conseruer la sienne ;
& les ennemis voyans qu’il estoit en estat de les combattre


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