Anonyme [1649], LE ROMAN DES ESPRITS REVENVS A S. GERMAIN. Burlesque & serieux. Et le QV’AS-TV VEV DE LA COVR, Ou LES CONTRE-VERITEZ. Sur l’imprimé à PARIS. , françaisRéférence RIM : M0_3559. Cote locale : E_1_78.
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caressoit comme tres affectionné pour son seruice, & à ruyner entierement
tout Paris. I’ay veu Madame la Princesse doüairiere ne
vouloir plus prester d’argent à personne, & rẽdre celuy qu’elle auoit
receu pour le Roy, afin d’entretenir l’armee de Monsieur son fils, que
i’ay veu fort deuot se souuenir des bonnes leçons des Peres le suistes,
ne plus laisser agir sa colere, ne iurer plus Dieu, deuenir meur, oublier
tout ce qui s’est passé, auoir de l’affection pour les Parisiens,
r’emmener son armee en Flandres, & enuoyer à tous les Diables le
Cardinal & les partisants. I’ay veu Madame sa femme n’estre plus
ioyeuse d’estre mere, & n’auoir plus de complaisance pour la Reine.
I’ay veu Monsieur le Comte d’Harcourt fort aise d’aller combattre
les troupes de Monsieur de Longueuille & ne respirer hautement
que la ruïne de toute la Frãce. I’ay veu Mõsieur le Duc de Mercœur
impatient, extrémemẽt courageux, blasmer Monsieur son frere d’indiscretion
& de peu de courage, & vouloir aller combattre toute son
armee. I’ay veu Mõsieur de Mets n’aimer plus la peinture & la chasse,
se defaire de tous ses tableaux & de tous ses chiens, n’aimer plus à
faire la débauche, & vouloir mener vne vie tres retiree. I’ay veu le
vieux Mõsieur d’Angoulesme venu de Grosbois demander à genoux
vne charge dans l’armee sous Monsieur le Prince, & respirer la perte
de tout le Royaume. I’ay veu Madame de Guise employer tous les
moyens qu’elle iuge estre necessaire pour sortir de prison Monsieur
le Duc son fils, & pour le marier auec Madamoiselle de Põt. I’ay veu
Messieurs ses autres fils n’auoir aucun ressentiment de ce qu’on auoit
faict à Meudon, & louër toute l’entreprise de la guerre. I’ay veu Mõsieur
de Nemours en dessein de venir querir Madame sa femme durant
ces suspensions d’armes, & vouloir emmener le Roy à Lyon,
pour les bons offices que les Lyõnois rendirent à deffunct Monsieur
son pere. I’ay veu Madame de Senecey blasmer les Iesuites de flatterie,
ne les vouloir plus ouyr, & prendre contr’eux le party des Iansenistes.
I’ay veu Madame sa fille ne le porter plus haut, mespriser le
tabours que la Reine luy auoit donné, & faire oster de dessus son carrosse
la Couronne de Prince. I’ay veu Monsieur le Duc d’Vzés l’espee
au poing offrir ses seruices à Monsieur le Prince pour commander
dans son armee. I’ay veu Madame de la Roche Guyon, vouloir suiure
amiablement les auis de Monsieur son beau pere & de Madame sa
belle mere, & vouloir finir ses iours dans vn paisible veufuage.

 

I’ay veu Mr. le Cardinal oubliant la maxine de son pays oublier
tout, accuser Mr. le Prince de trop de violence, Mr. le Duc d’Orleãs de
trop de douceur, la Reine de trop de credulité, & vouloir venir resjoüir



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