Anonyme [1650 [?]], LE REVEILLE-MATIN DE LA FRONDE ROYALLE, SVR LA HONTEVSE PAIX de Bourdeaux. , françaisRéférence RIM : M0_3537. Cote locale : B_19_23.
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S’il y a quelque chose digne de remarque en tout ce
qui s’est fait au voyage de Bourdeaux, & qui doiue plus
animer les bons François, doit estre l’aduersion naturelle
qu’on a reconneu que nostre ieune Monarque auoit
pour ce Monstre de Sicile, qui apres en auoir donné
plusieurs fois connoissance à toute la Cour, apres s’en
estre plusieurs fois plaint à la Reyne, & apres auoir iugé
les deportemens de ce beau Ministre si dommageables à
son Estat, sa Maiesté n’a peu s’empescher, nonobstant
tous les obstacles qu’on y a portez, d’en faire secrettement
aduertir son Altesse Royale, à qui elle a fait escrire
vn billet, par lequel elle le prie d’escrire à sa Maman,
qu’il est necessaire pour le bien de sa Couronne, que sa
Personne soit à Paris.

Quoy que le Cardinal voyant la haine que le Roy auoit
pour luy, ait fait toutes les choses possibles pour empescher
que sa Maiesté n’eut point de confidant, il n’a neanmoins
pas sceu descouurir celuy qui auoit escrit ce billet
signé de la propre main du Roy, auquel suiuant la volonté
de sa Maiesté, Monsieur le Duc d’Orleans a obeï par
message exprez, qui dans l’instant de son arriuée obligea
la Cour de se resoudre à sortir de Bourdeaux contre la volonté
du Cardinal, qui vouloit caballer pour trahir le
Parlement.

Tous ceux qui ont quelque peu de zelle pour le vray
seruice du Roy, ne devroient ils pas rougir de honte,
voyant sa Maiesté reduitte à l’extremité de ne pouuoir
auoir d’autre Conferance, que celle de celuy qui est l’obiet
de sa haine mortelle, & le dissipateur de ses Finances ;
Ceux dis-ie, qui apparamment prennent tant de part au
bien de l’Estat, seront-ils si aueuglez de souffrir à leur
barbe vn si dangereux Ministre, qui ne laisse rien dans
les Coffres du Roy, & qui prend tout pour remplir les
siens.



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