Anonyme [1649], LE REPENTIR DE MAZARIN PAR LVI TESMOIGNE A LA REYNE, ET LA DEMANDE DE SON CONGÉ , françaisRéférence RIM : M0_3352. Cote locale : A_8_41.
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Confession, & de ma confusion, qui s’est renduë visible
enuers les estrangers ? quelles reigles auez-vous trouué
dans ma prudence qui s’est laissée precipiter aux appetits
de mon auarice, & de mon ambition ? qu’elles bornes ay-ie
donné à ma temperance, confondant mes conseils, parmy
les dissolutions, & diuersitez de nouueaux mets dans mes
banquets ? quel exemple ay ie donné de ma iustice, qui ay
tué sans raison, & sans procedure, par le venin, les meilleures
membres de vostre plus auguste Parlement, & auec
vne humeur tyrannique, emprisonné les Princes, despoüillé
de leurs Charges & de leurs Gouuernements les plus
fidels, & anciens Seruiteurs du Roy.

 

Sus donc, Madame, consignez moy entre les mains
de la douleur, & du repentir : donnez à d’autre ce ministere :
mettez ce gouuernail en d’autres mains ; ma Pourpre
me remet en memoire & me reproche auec de trop
iustes raisons le sang de tant d’innocens, qui s’est respandu
pour mon occasion : cette intendence du gouuernement de
vos enfans, ne conuient plus à vn mal-heureux, & estimé
ennemy du Roy, & de l’Estat.

Que la clemence, qui vous est naturelle se change
en rigueur contre mes crimes, & que la pieté, en laquelle
vous auez esté si heureusement esleuëe, se tourne en indignation
contre mes forfaits, que les afflictions de mon esprit,
ny le changement de ma fortune, ny la grandeur de
mes mal-heurs n’esmeuuent en aucune façon la bonté de
vos sentimens ; puis que celuy, qui n’a point eu de bonté,
non plus pour les Citoyens, que pour l’Estranger, pour
vos Sujects, que pour leurs ennemis, n’est pas digne de
receuoir les effects d’aucun pardon.

Ne portez pas le cœur de vostre ieune Roy à la vengeance
des plaintes du peuple, souz le pretexte de quelque
sousleuement, de peur que la candeur de son innocence, &



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