Anonyme [1652], LE RAISONNABLE PLAINTIF, SVR LA DERNIERE DECLARATION DV ROY. , français, latinRéférence RIM : M0_2969. Cote locale : B_14_11.
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qualité & de charactere pour leur parler du pair. Que si
leur orgeuil les empesche de nous escouter, nous sommes
contens de n’en estre pas creus, mais nous leur produirons
les aduis des sages anciens, selon que la memoire
nous fournira. Et premierement Polybe leur apprendra
qu’il saut faire vne notable difference entre la Monarchie
& la Royauté, c’est vne puissance legitime déferée
par la volonté & le choix du peuple. La Monarchie c’est
vne puissance violente qui domine contre le gré de subjets,
& qui les a sousmis contre leur gré. La Royauté se
gouuerne par la raison, la Monarchie à discretion, &
selon la conuoitise du commandant : La fin de la Royauté
c’est l’vtilité commune : La fin du Monarque c’est la
sienne particuliere. Aristote le Roy des esprits & du raisonnement
humain, dit que le gouuernement monarchique,
c’est à dire d’vn seul, est bestial comme celuy du
Roy des abeilles, qui les regit sans conseil. Que la Royauté
c’est vn gouuernement propre des hommes, qui
s’administre par conseil & par communication de l’aduis
des personnes bien sensées. ciceron le Prince des
Philosophes Latins aussi bien que des Orateurs, dit
apres Aristote, & auec le consentement de tous les Politiques,
que les peuples ont esleu les Roys pour leur faire
iustice, & pour les proteger ; Pour cet effect qu’ils
ont choisi les plus vertueux & les plus sages : Et quand
ciceron, Polybe, & Aristote ne l’auroient pas dit,
peut il entrer dans le sens commun qu’on en aye peû
vser autrement ? ces mesmes grands Genies nous disent
que les gouuerneurs des peuples & des Republiques
soient ils Roys, Empereurs, Electeurs, Consuls,
ou qualifiez de tels autres noms qu’on voudra,
ne doiuent point estre considerez autrement que comme
sont les tuteurs à l’esgal de leurs pupilles. Vt tutela,
sic procuratio rei publicæ, ad eorum vtilitatem qui
commissi sunt, non ad corum quibus commissa est, referenda
est. Cie. lib. I. Officiorum. Cet oracle est si vtile, fi
beau, & d’vne verité si indubitable, qu’il deuroit


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