Anonyme [1649 [?]], LE QV’ASTV-VEV de la Cour. Ou les contre veritez. , françaisRéférence RIM : M0_2941. Cote locale : A_7_11.
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le Roy à Paris, & de ne laisser plus passer à Lyon aucuns iustes
qui iroient en Italie. I’ay veu le Mareschal de Schomberg iurer
hautement la ruine de tout le Royaume, & son desordre.
I’ay veu le Mareschal de l’Hospital persuader à la Reine qu’elle
ne doit respiter que la vengeance. I’ay veu le Mareschal Rantzau
se declarer coulpable du crime qu’on luy impute, & en attendre
la punition auec impatience. I’ay veu le Mareschal de la
Mesleraye n’estre plus affligé de la goutte, ne plus iurer Dieu,
n’estre plus impatient, demander pardon à Dieu de toutes ses
offenses, & vouloir marier son fils auec vne des niepces du Cardinal.
I’ay veu le Mareschal de Grandmont temeraire au dernier
point se repentir d’auoir fait ouurir les passages pour laisser
venir les viures à Paris. I’ay veu Monsieur le Chancellier
ne vouloir plus signer aucunes lettres de Noblesse, renoncer à
tous les partis, sur tout à celuy des bouës, & Conseiller à la
Reine, le prompt retour de leurs Maiestés dans Paris. I’ay veu
Messieurs de Guenegaud & le Tellier, ne vouloir plus rien signer,
ny pour le Conseil ny pour la guerre, & Monsieur de
Guenegaud se ressouuenant de la naissance de son pere, faire
cas de tous les laquais. I’ay veu le Commandeur de Iatre ne
point desauoüer la familiarité qu’il a euë auec Monsieur d’Emery.
I’ay veu Messieurs de Saineterre, Tubeuf & Beautru disgraciés,
pour n’auoir pas assez protegé Monsieur le Cardinal,
& pour auoir conseillé l’extinction du Prest. Duquel i’ay veu
les sieurs Bonneau, la Railliere & Catelan ne se plus soucier
en demandant eux mesmes la suppression. Enfin i’ay veu les
filles de la Reine, n’aimer plus à parler à personne, bannir les
mouches & les affiquets, & les gens de guerre ne plus voler,
brusler, ny violer, veu la deffence qu’on leur en a faicte.

 

Il commença ces discours au commencement du Cours, &
nous estions à la porte de la Conference quand il l’acheua, & là
ie le remerciay de sa bonne compagnie, de ses bonnes nouuelles,
& ie pris congé de luy quand il gagna la ruë saint Honoré,
pardeuant les Thuilleries, & moy ie gagnay la ruë sainct
Anthoine par la valée de misere.

FIN.



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