Anonyme [1649 [?]], LE QV’ASTV-VEV de la Cour. Ou les contre veritez. , françaisRéférence RIM : M0_2941. Cote locale : A_7_11.
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ses chiens, n’aimer plus à faire la debanche, & vouloir mener
vne vie tres retirée. I’ay veu le vieux Monsieur d’Angoulesme
venu de Grosbois demander à genoux vne charge dans l’armée
sous Monsieur le Prince, & respirer la perte de tout le
Royaume. I’ay veu Madame de Guise employer tous les
moyens qu’elle iuge estre necessaire pour sortir de prison Monsieur
le Duc son fils, & pour le marier auec Madamoiselle de
Pont. I’ay veu Messieurs ses autres fils n’auoir aucun ressentiment
de ce qu’on auoit faict à Meudon. & louër toute l’entreprise
de la guerre. I’ay veu Monsieur de Nemours en dessein
de venir querir Madame sa femme durant ces suspensions d’armes,
& vouloir emmener le Roy à Lyon, pour les bons offices
que les Lyõnois rendirẽt à deffunct Mõsieur son pere. I’ay veu
Madame de Senecey blasmer les Iesuites de flatterie, ne les
vouloir plus ouïr, & prendre contr’eux le party des Iansenistes,
I’ay veu Madame sa fille ne le porter plus haut, mespriser le
tabours que la Reine luy auoit donné, & faire ester de dessus
son carrosse la Couronne de Prince. I’ay veu Monsieur le Duc
d’Vzés l’espée au poing offrir ses seruices à Monsieur le Prince
pour commander dans son armée. I’ay veu Madame de la
Roche Guyon, vouloir suiure amiablement les auis de Monsieur
son beau pere & de Madame sa belle mere, & vouloir finir
ses iours dans vn paisible veufuage.

 

I’ay veu Monsieur le Cardinal oubliant la maxime de son
pays oublier tout, accuser Monsieur le Prince de trop de violence,
Monsieur le Duc d’Orleans de trop de douceur, la Reine
de trop de credulité, vouloir venir resioüir les Parisiens de
sa veuë, & leur faire amande honorable de tout le tort qu’il
leur a fait. I’ay veu l’Abbé de la Riuiere changer de poil & de
façon, n’auoir plus dessein de vendre son Maistre, mespriser les
presens du Cardinal, n’auoir point d’ambition pour vn chapeau
rouge, & vouloir retourner dans Paris, pour recognoistre la
bassesse de sa naissance ; & demeurer auec sa mere dans la ruë
saint Honoré. I’ay veu l’Euesque d’Alby Abbé de Beaumont
se vouloir defaire de tous ses benefices pour conseruer Alby,
& donner de tres bons preceptes au Roy. Comme le genereux
Mareschal de Villeroy n’a autre dessein que de ramener



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