Anonyme [1649 [?]], LE QV’ASTV-VEV de la Cour. Ou les contre veritez. , françaisRéférence RIM : M0_2941. Cote locale : A_7_11.
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veu la Reine qui haïssoit à mort Monsieur le Cardinal, qui aimoit
d’vn amour maternel les Parisiens, qui oublioit tout ce
qui s’estoit passé, qui vouloit retourner à Paris, pour y faire ses
deuotions à nostre Dame, & faire perdre tous les Partisants.
I’ay veu le petit Monsieur le Duc d’Anjou qui n’amoit point
Paris, & qui sollicitoit le Roy à demeurer tousiours à S. Germain,
qui caressoit Monsieur le Cardinal, & qui n’estoit plus
d’humeur iouiale comme il auoit accoustumé, pour le deplaisir
qu’il auoit de voir qu’on vouloit retourner bientost à Paris.
I’ay veu Monsieur le Duc d’Orleans ferme dans ses resolutiõs
hair Paris, mespriser l’Abbé de la Riuiere, pour escouter fauorablement
Madame sa femme, & Mademoiselle sa fille, &
vouloir aller terracer luy seul toute l’armée Parisienne. I’ay
veu Madame n’aymer plus à prier Dieu, aymer l’Abbé de la
Riuiere, haïr les Parisiens, & demander leur perte & la destruction
de leur ville, sur tout du Palais d’Orleans. I’ay veu Mademoiselle
sans ressentiment, voir agir tout le monde sans rien
dire, ne plus parler à personne, solliciter Monsieur son pere à
conseruer l’Abbé de la Riuiere qu’elle caressoit comme tres-affectionné
pour son seruice, & à ruiner entierement tout Paris.
I’ay veu Madame la Princesse doüairiere ne vouloir plus
prester d’argent à personne, & rendre celuy qu’elle auoit receu
pour le Roy, afin d’entretenir l’armée de Monsieur son fils,
que i’ay veu fort deuot se souuenir des bonnes leçons des Peres
Iesuistes, ne plus laisser agir sa colere, ne iurer plus Dieu,
deuenir meur, oublier tout ce qui s’est passé, auoir de l’affection
pour les Parisiens, r’emmener son armée en Flandres,
& enuoyer à tous les Diables le Cardinal & les partisants. I’ay
veu Madame sa femme n’estre plus ioyeuse d’estre mere, & n’auoir
plus de complaisance pour la Reine. I’ay veu Monsieur
le Comte d’Harcourt fort aise d’aller combattre les troupes de
Monsieur de Longueuille & ne respirer hautement que la ruine
de toute la France. I’ay veu Monsieur le Duc de Mercœur
impatient, extrememẽt courageux, blasmer Monsieur son frere
d’indiscretion & de peu de courage, & vouloir aller combattre
toute son armée. I’ay veu Monsieur de Mets n’aimer plus la
peinture & la chasse, se defaire de tous ses tableaux & de tous


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