Anonyme [1649 [?]], LE QV’ASTV-VEV de la Cour. Ou les contre veritez. , françaisRéférence RIM : M0_2941. Cote locale : A_7_11.
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Chaillot reuenir vn de mes plus fidelles & intimes amis : Sitost
qu’il m’apperceut il descendit de cheual ; Apres luy auoir
fait mon compliment, comme ayant sçeu qu’il deuoit venir,
l’estois allé au deuant de luy & autres choses, il me tesmoigna
estre obligé de mes courtoisies, quoy qu’il le deut plutost à ma
satisfaction & à ma courtoisie. Il donna son cheual à son lacquais,
& luy commanda de l’emmener à la ville, pendant que
nous nous en reuiendrions tous deux par le Cours. Ie ne fus
pas marry de la resolution qu’il prit, & apres l’anoir prié assez
legerement de monter à cheual, voyant son refus ie receus
auec plaisir l’honneur qu’il me faisoit, & fus rauie d’auoir le
bien de sa compagnie, pour apprendre auecque plus de liberté
toutes les nouuelles. Apres les informations de santé de part
& d’autre, ie luy demanday ce qu’il auoit appris à la Cour,
mais plutost ce qu’il y auoit veu ; marchons, dit-il, i’ay bien
assez dequoy vous entretenir iusques à la ville. Nous nous
mismes donc à marcher tout doucement, lors qu’il commença
ce que ie vais vous dire.

 

Pour plaire à vostre curiosité, me dit-il, ie vous diray ce que
i’en sçais & ce que i’ay veu auec toute la fidelité possible. De
vous dire ce qui s’est passé depuis les Roys à S. Germain : outre
que ie serois trop long, ie sçay bien que vous l’auez deu sçauoir,
soit de la Conference à Ruel, soit de l’emprisonnement
de Monsieur de Rantzau. Ie ne veux vous dire seulement que
ce que i’ay veu de fraische memoire, & que i’ay remarqué de
fraische datte. I’ay veu le Roy qui n’aimoit plus la chasse, qui
ne s’ennuyoit point d’estre à S. Germain, & qui auoit vne affection
des-ordonnée pour Monsieur le Cardinal ; Ie ne pûs
point m’empescher de l’interrompre & de luy dire, ie crois
que vous me faittes vn recit bien esloigné du vray-semblable,
encore moins de la verité. Ce fut pour lors qu’il me dit que ie
deuois prendre garde à ce qu’il me diroit, veu qu’il n’obserueroit
que la methode de la Cour, qui est de flatter, & qu’ainsi ie
deuois m’arrester au contre-sens de tout ce qu’il alloit me dire.
Ie le remerciay, & luy dis que ie profiterois de-cét aduis,
comme i’efpere que d’autres qui liront cecy en profiteront. Il
poursuiuit donc apres cette petite interruption, & me dit, i’ay



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