Anonyme [1652], LE PRINCE POPVLAIRE, ESCRIVANT AVX DEVX COVRONNES, DE FRANCE ET D’ESPAGNE. Leur faisant voir exactement tous les Motifs, & importantes qu’il y a de faire la Paix Generalle. Auec les moyens necessaires pour appaiser les troubles de ce Royaume. , français, latinRéférence RIM : M0_2868. Cote locale : B_16_14.
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calamité publique, ou si l’on veut peser les
pertes auenuës à l’vn & à l’autre party, les victorieux
& les vaincus, auront presque mesme
partage de leurs souffrances : ceux là s’accompagnent
ordinairement de cruauté & d’impieté,
ceux-cy de miseres & d’infortunes, & vne ruine
vniuerselle les enuelope tous. L’on n’entend que
voix lugubres, & clameurs effroyables de vos peuples
effarez, le cliquetis des armes & le tintamare
des Trompettes les fait cacher dans les bois.
Ils n’ont plus d’autres retraites, que le repaire
des loups, & la taniere des renards. Ils sont tellement
affligez, & ruinez en leurs biens, que
battus & excedez à toute outrance, dechassez de
leurs foyers, mis hors de leurs maisons, priuez
de toute possession & demeure, rien ne leur reste
que la voix qu’ils font resonner à vos oreilles,
par le plaintif de leurs plus tristes accents. Les
cœurs les plus diamantins se fendent à leurs clameurs,
& les plus glacez s’y fondent, tant ils
sont saisis d’horreur & d’estonnement tout ensemble.
Prenez donc, de grace, puis que vous en
estes les distributeurs, compassion de leurs miseres,
& vous laisser toucher du moins à la pieté.
Les ames genereuses ne se rendent point insensibles
aux ruines & desolations qui naissent des
Guerres publiques. Charles Duc de Berry, frere
de Louys XI, apres la bataille de Montlhery, disoit,


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