Anonyme [1649], LE POLITIQVE ESTRANGER, OV LES INTRIGVES DE IVLES MAZARIN. , françaisRéférence RIM : M0_2814. Cote locale : A_7_2.
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i’auois sujet de craindre que dans les troubles passez il
ne reprit son aduantage, & qu’il n’aydast à me déthroner, comme
ie sçay qu’il y a trauaillé sous main autant qu’il a peu. Et ie
le deuois d’autant plus craindre, que pour s’esleuer pardessus
moy son ambition estoit secondée du ressentiment de l’iniure
qu’il croit que ie luy ay faite de ne le plus faire gouuerner l’Estat
auec moy. Et que ma ruine eust esté bien plus grande par vn tel
successeur (habile & hardy comme il est) qui eust fait partie de
son bon-heur de m’exterminer entierement, qu’elle ne le pouuoit
estre par aucun autre qui m’eust succedé ; si bien que desirant
me conseruer dans ma bonne fortune, ou faire naufrage
auec la moindre perte que ie pourrois, i’ay esté obligé de vaincre
mes ennemis, & n’en ayant point de plus vaillant, ny de
plus capable de me precipiter que ledit sieur de Chauigny, i’ay
fait vne action d’homme sage de le faire arrester dans son propre
Gouuernement.

 

Ie passe au sieur de la Riuiere fauory du Duc d’Orleans qui a
heureusement secondé le dessein que i’auois de me deffaire de
Chauigny, à cause de l’inimitié qu’il auoit contre luy, ce fauory
qui seroit aussi rauy de ma disgrace pour prendre ma place
sous l’authorité de son Maistre, ne voyant personne en son dessein
qui luy en peut empescher l’entrée dans vne déroute de ma
fortune que ledit sieur de Chauigny, qui estoit consideré dans
le Conseil comme vn homme capable de gouuerner l’Estat
auec succez, & s’imaginant qu’il me faudroit enfin quitter la
partie pour terminer & pour composer tous les differends, &
qu’infailliblement la Reine se seruiroit dudit sieur de Chauigny
plutost que de personne pour le maniement des affaires, &
qu’ainsi il seroit frusté de ses vaines esperances, & en danger
d’estre dominé par son ennemy qui pouuoit me succeder selon
toutes les apparences du monde, m’accorda la protection de
son Maistre le Duc d’Orleans, pourueu que ie luy donnasse
parole d’oster Chauigny de la posture de pouuoir entrer dans
les affaires, & d’y auoir par ci-apres, & que ie les ferois emprisonner.

Ie m’apperceus incontinent de la ruse & de là ie commençay
à prendre vne bonne & ferme esperance de me deffaire aisément



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