Anonyme [1649], LE POLITIQVE DV TEMPS. Touchant ce qui s’est passé depuis le 26. Aoust 1648. jusques à l’heureux retour du Roy en sa Ville de Paris. DISCOVRS QVI PEVT seruir de memoire à l’Histoire. Dedié aux bons François. , françaisRéférence RIM : M1_186. Cote locale : A_7_5.
page précédent(e)

page suivant(e)

-- 8 --

tous esperet de sa prudence vn heureux accommodement : &
que chacun pouuoit sans crainte, remettre ses interests propres,
& ceux mesmes de tout l’Estat au iugement d’vn Prince,
qui estoit tout ensemble sçauant Politique & vaillant Guerrier :
& de plus qui auoit tousiours tesmoigné par ses belles actions
vn zele extraordinaire à seruir le Roy & son Estat. Au seul nom
de ce Prince, on vit desia quelque ouuerture à cet accord, par
vn consentement que l’on tesmoigna vnanimement de part &
d’autre ; & desia la renommée de sa vertu compose des differentes
qui luy sont encore inconnus, tant les affections sinceres
ont de confiance à la vertu ! Le Peuple mesme, qui malgré
son ignorance reconnoist la grandeur de ce Prince, le souhaite
auec impatience. Cette incertitude d’affection qui le
rend si souuent dissemblable à soy mesme, s’attache pour ce
coup à ne regarder que luy seul. Cependant la Reyne, apres
auoir tesmoigné à Messieurs de Ville, l’inclination qu’elle
auoit pour Paris, & leur auoir recommandé la Police & le soin
de ses chers Citoyens, partit pour accompagner le Roy, qui
s’en alloit prendre l’air à Ruël, auec le diuertissement de la
campagne. Elle y manda le Parlement, & appella les principaux
à ses Conseils d’Estat. Ils y enuoyerent leurs Deputez
qu’on receut fort ciuilement. Et les autres assemblez en Corps
à Paris, trauailloient cependant, par la permission de la Reyne,
au soulagement du Peuple, pour la diminution des tailles, &
des autres imposts, lors qu’vn faux bruit semé insolemment
par la populace, apporta de nouueaux troubles dans les esprits
d’vn chacun. La credulité du vulgaire ignorant, donnoit quelque
subiet de crainte aux Bourgeois, quand il publioit imprudemment,
que la Reyne faisoit dessein d’affamer Paris. La
sortie des Princes & de la plus part des Grands pour suiure la
Cour à Ruël, sembloit fauoriser vne faulse opinion, qui n’auoit
point d’autre fondement que l’ignorance. Cette erreur
trop nuisible à la bonté naturelle de sa Maiesté Regente l’obligea
à leur faire voir qu’elle ne sçauoit point regner par la
cruauté. Elle enuoya vne expresse Declaration du Roy, par


page précédent(e)

page suivant(e)