Anonyme [1649], LE POLITIQVE CHRESTIEN. DE S. GERMAIN. A LA REYNE. , françaisRéférence RIM : M0_2811. Cote locale : C_6_59.
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LE POLITIQVE CHRESTIEN
DE SAINCT GERMAIN.
A LA REYNE.

MADAME,

Les grandes ruines se preparent peu à peu par de grands accidens,
dont les remedes sont encor faciles dans le principe de
la maladie. Mais quand elle est venuë à vn certain point de malignité,
alors l’on void perir le malade, sans qu’on le puisse secourir.
Peut-estre, MADAME, que les maux de cét Estat ne seront
pas incurables, pourueu que nous ne soyons pas incorrigibles :
Mais il y a grande apparence qu’ils le deuiendront bientost,
si nous ne nous hastons de deuenir raisonnables. Pour les
guerir il faut les connestre, parce qu’il n’y eut iamais de remede
certain à vn poison inconnu. Si les Pilotes qui conduisoient Ionas
dans leur barque, eussent ignoré l’origine de la tempeste
qui les tourmentoit, ils n’eusseut peu euiter le naufrage dont ils
estoient menacez.

Il y a sept cens ans ; MADAME, que les Prelats de France
assemblerent vn Concile à Meaux, pour deliberer des moyens
de sauuer la France, qui estoit presque attaquée des mesmes
symptomes qu’elle souffre maintenant. Les paroles de cette Assemblée
marquent assez que les desordres d’alors ressembloient
si fort à ceux d’à present, qu’il ne faut point de differens remedes.
Puis qu’on ne se lasse point, disoient les Peres de ce Concile,



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